Articles à propos de la Fatiha
Extrait du livre LA PRIERE EN ISLAM de Eva de Vitray-Meyerovitch
"Au nom de Dieu, le Tout-miséricorde, le Miséricordieux
Louange à Dieu, Seigneur des univers
Le Tout-miséricorde, l:e Miséricordieux
le roi du Jour de l'allégeance.
C'est Toi que nous adorons, Toi dont nous implorons le secours.
Guide-nous sur la voie de rectitude
la voie de ceux que Tu as gratifiés, non pas de celle des réprouvés, non plus que de ceux qui s'égarent."
(Coran, I.)
C'est par la formule "Au nom de Dieu, le Tout-miséricorde, le Miséricordieux" (Bismillah ar-Rahmân ar-Rahîm) que débute la Fâtiha et par conséquent toutes les sourates du Coran. Ces deux Noms divins (Rahmân et Rahîm) mettent l'accent sur la Clémence du Dieu infiniment compatissant. Ils proviennent tout deux d'une même racine, la matrice (rahm), ce qui symbolise la "tendresse" du Créateur à l'égard de Ses créatures, l'un évoquant la transcendance et l'autre l'immanence. La Fâtiha continue par les louanges du "Seigneur des univers". Ce pluriel manifeste le souveraineté illimitée du Créateur sur toutes choses, atomes, êtres humains, univers.
La place des pronoms est emphatique: c'est Toi que nous adorons, c'est de Toi seul que nous implorons le secours. L'accent est mis, de la sorte, non seulement sur l'Unicité de Dieu, en Lui-même, mais aussi sur la relation de l'homme avec Lui, l'Unique vers Qui se tourner, à Qui s'en remettre en toutes choses.
C'est encore à Lui seul que s'adresse toute louange. Cette exigence se retrouve constamment dans le Coran (cf. XXXVII, 182; XXXIX, 75; XL, 64, 65, 66). Dans la dernière sourate citée, l'attention du croyant est appelée sur les bienfaits répandus par le Seigneur dans Sa création et sur les merveilles que sont Ses signes avec, comme corollaire, l'obligation de se soumettre au "Seigneur des univers".
La souveraineté du Jour de l'allégeance appartient aussi à Celui qui est miséricorde en Son Essence (ar-Rahmân) et qui fait miséricorde (ar-Rahîm). Comme le précise un commentaire :
"Le fait qu'il soit ar-Rahmân implique que Sa miséricorde inclut toute chose, en ce monde et en l'autre, et donc l'homme juste comme le pécheur. Quant à l'attribut de rahîm, cela concerne Sa miséricorde à l'égard des croyants.
"Ar-Rahmân est Celui qui donne quand on Lui demande, ar-Rahîm est Celui qui est insatisfait lorsqu'il ne Lui est pas demandé de donner - ar-Rahmân est concerné par la délivrance du Feu, et ar-Rahîm avec l'entrée au Paradis."
(Lawâmi 'ul-bayyinât, Fakhr-ud-Dîn ar-Râzî, page 130.)
De nombreuses prières évoquent ce double aspect de la Miséricorde divine, telle celle-ci, très répandue:
"O Dieu, Miséricordieux pour ce monde-ci et pour l'autre, Toi qui déverses Ta Miséricorde sur tous les deux, fais-moi miséricorde dans mon besoin, une miséricorde qui se mette au-delà du besoin de miséricorde de la part de Tout autre que Toi."
(Riyâdhu l-janna, Yûsuf an Nabhânî, page 90.)
Cette attente du Jugement dernier est "la fervente signification eschatologique de la doctrine de l'Unité. L'homme ne peut s'attendre à aucun autre avenir que cette puissance embrassant toutes choses. Ce Jour ne fait pas l'objet d'arguments fastidieux ou de conjectures incertaines. Il existe, en tant que réalité, tribunal de l'humanité aux grandes assises, comprenant la scène humaine toute entière, éternisant toutes ses questions temporelles..." Cette prédication du Prophète lui attira les railleries des incroyants, qui ne pouvaient admettre que des "ossements pouris" puissent se revêtir d'immortalité. Mais, pour la Communauté musulmane, c'est, bien entendu, la plus vivante espérance.
C'est pourquoi la Fâtiha se termine par une prière de demande à Dieu: "Guide-nous dans le droit chemin, afin que nous n'encourions jamais Ton déplaisir."
A la fin de la récitation de la Fatiha, l'orant dit: Amîn. S'il prie avec d'autres il devra le prononcer en même temps que l'imâm qui dirige la salât.
La récitation de la Fatiha est obligatoire au début de la prière rituelle. Le Prophète a dit: "Celui qui n'a pas récité la Fâtiha n'a pas accomplit le rite." (Al-Adhân, Bokhârî, page 97. Voir également du même auteur, L'Authentique Traduction musulmane, choix de hadith traduits par G.H. Bousquet, Paris 1991, éd. Sindbad.)
C'est la prière la plus universelle de l'Islam, l'équivalent du Pater noster dans le Christianisme: son importance est fondamentale.
"Tous les sens du Coran sont rassemblés dans la Fâtiha. C'est comme si, dans chaque rak'a (partie gestuelle de la prière) était prié le Coran tout entier."
(Latâ'îfu 'l-minan, Sha'rânî, Le Caire, 1938, page 125.)
Fakhr-ud-Dîn ar-Râzî décrit son déroulement en ces termes:
"Ce verset est une ascension spirituelle pour les orants. Ainsi il est dit: "louange à Dieu, Seigneur de l'Univers, Roi du Jour du Jugement." C'est là pure louange. Puis "C'est Toi que nous adorons, c'est de Toi que nous implorons l'assistance." C'est une louange jointe à une demande. Puis "Guide-nous dans le droit chemin" -et ainsi jusqu'à la fin. C'est pure demande."
(Lawâmi' ul bayyinât, op. cit., page 36.)
En dehors de l'office rituel, la Fâtiha est récitée à maintes et maintes reprises. Tantôt pour implorer le pardon de Dieu:
"O Dieu, écoute notre prière et accepte-nous par le mystère de la Fâtiha" (et l'orant la récitera, puis lèvera les mains et dira:) "J'implore le pardon de Dieu..."
(Dévotions après la prière rituelle.)
Ou encore:
"Accepte-nous par le secret de la sacralité de la Fâtiha."
(Rabî'ul-fu'âd, 'Abd Allâh ash-Sharqâwi, page 107. Cité dans Constance E. Padwick, Muslim Devotions, Londres, 1961 éd. SPCK.)
On va réciter aussi cette oraison devant les tombes, les mausolées, en la dédiant à la mémoire de ceux qui ne sont plus. (Notons au passage qu'on ne prie jamais les saints, dans l'Islam, on prie pour eux.) Enfin, c'est la coutume de commencer et de terminer les litanies, dans les confréries soufies, par la Fâtiha.
Ajoutons que la Fâtiha est toujours récitée lors de la célébration du mariage, et fréquemment à l'occasion des engagements contractuels.
Extrait du livre La Description de la Prière du Prophète, de Cheikh Muhammad Nâsruddîn Al-Albânî
La récitation (de la Fatiha)
(...Le Prophète, sur lui la paix et le salut...) cherchait protection auprès d'Allah l'Elevé en disant:
"Je cherche protection auprès d'Allah contre satan le lapidé, contre ses insufflation, son inspiration et sa tentation" et parfois il disait:
"Je cherche protection auprès d'Allah l'Audient, le Savant, contre satan le lapidé, contre ses insufflations, son inspiration et sa tentation", puis il prononçait:
"Bismillah ir-Rahmân ir-Rahîm" à voix basse.
La récitation verset par verset
Puis il récitait la sourate Al-Fatihah verset par verset :
"Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux" [il s'arrêtait, puis il disait:]
"Louange à Allah, Seigneur de l'univers" [il s'arrêtait, puis il disait:]
"Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux" [il s'arrêtait, puis il disait:]
"Maître (Mâliki) du Jour de la rétribution..." Ainsi, jusqu'à la fin de la sourate, toute sa récitation s faisait de cette façon : il s'arrêtait au début de chaque verset et n'enchaînait pas avec le suivant.
Parfois il récitait "Maliki" [sans allonger le a.]
La récitation de la Fâtihah est un pillier
Il accordait une très grande importance à cette sourate. Il disait: "Pas de prière pour celui qui ne dit pas la Fatihah." Dans une autre version: "La prière de celui qui ne dit pas la Fatihah n'est pas valable."
Il disait parfois "Celui qui prie sans réciter la Fatihah, sa prière est incomplète, incomplète, incomplète, imparfaite."
Il disait également: "Allah (Exalté et Elevé) dit: "J'ai partagé la prière entre Mon serviteur et Moi (en 2 parties); une moitié Me revient, et l'autre moitié lui revient, et à Mon serviteur revient ce qu'il demande." Et le Prophète a dit: "Récitez." Le serviteur dit:
"Louange au Seigneur des Mondes" (Al-hamdulillahi Rabb-il-^Âlamîn) Allah le Très Haut dit: "Mon serviteur m'a loué." Et quand il dit:
"Le Clément, le Miséricordieux" (Ar-Rahmân-ir-Rahîm) Allah dit: "Mon serviteur a fait Mon éloge" Et quand il dit:
"Souverain du Jour de la rétribution" (Mâliki-yawm-id-Dîn) Allah le Très Haut dit: "Mon serviteur a proclamé Ma gloire" Et quand il dit:
"C'est Toi (Seul) que nous adorons et c'est à Toi (Seul) que nous demandons secours" (Iyyâka Na^budu wa Iyyâka Nasta^în) Allah dit "Ceci est entre Moi et Mon serviteur, et Mon serviteur aura ce qu'il demande." Et quand il dit:
"Guide-nous sur la voie droite, la voie de ceux que Tu as comblé de faveurs, et non pas de ceux qui ont encouré Ta colère, ni des égarés." (Ihdinas-Sirât-al-mustaqîm. Sirât-alladhîna an^amta ^alayhim. Ghayril-maghdhûbi ^alayhim wa la-DhDhâllîn) "Ceux-là sont pour Mon serviteur et Mon serviteur aura ce qu'il demande.
Il disait: "Allah n'a pas révélé ni dans la Thora ni dans l'Evangile [une sourate] semblable à la "mère du Coran" (Umm ul-Qur'ân) et ce sont les sept [versets] répétés [et le "Coran Immense" qui m'a été révélé]."
Le Prophète a ordonné à "celui qui avait mal accomplit sa prière" de la réciter dans sa prière.
Le Prophète (sur lui la paix et la bénédiction divine) a dit à celui qui n'arrivait pas à la mémoriser (c.-a.-d. la Fatiha): "Dis:
"Subhanallah, wa l'Hamdulillah, wa La ilaha illa 'Llah, wa Allahu-Akbar, wa La hawla wa La quwatta illa bi-Llah ((Gloire à Allah, louange à Allah, il n'y a de divinité [digne d'adoration] qu'Allah, Allah est le plus Grand, il n'y a de force ni de puissance qu'en Allah;"
La Prophète a dit à "celui qui avait mal accomplit sa prière": "Si tu connais le Coran, alors récite [ce que tu peux] sinon dis: Louange à Allah, Allah est le Plus Grand, il n'y a de divinité qu'Allah."
Extrait du livre de Al-Ghazâlî
Les secrets de la prière en Islam
Traduction de Eva de Vitray-Meyerovitch & Tewfiq Taleb
Editions Albouraq
Extrait du Chapitre Le rituel de la prière dans sa dimension secrète
La face cachée des modalités de la prière
Le takbîr
Lorsque votre langue prononcera "Dieu est le plus grand que tout", votre coeur ne doit pas la démentir, car sinon, dans votre coeur, il serait quelque chose de plus grand que Dieu, et bien que vos paroles soient vraies, pour le Seigneur, vous seriez un menteur comme l'étaient les hypocrites qui disaient sans en penser un mot que Muhammad était l'Envoyé de Dieu. Vos inclinations seraient elles plus fortes que ce qui compte pour Dieu, vous obéirez alors moins à Dieu qu'aux tentations. Elles seront devenues alors comme autant d'idoles pour vous qui en chantez la louange. Votre "Dieu est le plus grand que tout" ne sera plus alors qu'une vibration émise par vos lèvres, loin du coeur, et si ce n'était le pardon divin et le repentir, ainsi que la générosité et la clémence du Très-Haut, vous auriez déjà été condamné de ce fait à la déchéance éternelle.
L'invocation d'ouverture
Le terme "face" dans les premières paroles de l'invocation, "J'ai tourné ma face vers celui qui a créé les cieux et la terre", doit s'entendre non pas au sens d'un visage ou de partie antérieure d'un corps mais comme voulant dire le coeur, car sinon comme au moment de prononcer ces paroles, vous vous trouvez orienté vers La Mecque, cela signifie que le Très-Haut se trouve dans cvette direction, or Dieu est transcendant, aucune direction ne le limite, et donc, vous ne pouvez orienter votre corps vers Lui. Par conséquent, c'est du coeur qu'il s'agit.
Qu'en est-il donc de votre coeur à cet instant. Est-il tourné vers ses objets de désir, préoccupé par des questions domestiques ou commerciales, subjugué par des tentations? Ou se consacre-t-il entièrement à Dieu? Le premier pas vers le Bien-Aimé ne doit souffrir d'aucun faux semblant et le coeur ne peut s'avancer vers Dieu qu'en rompant avec tout autre que Lui. Efforcez vous d'emprunter ainsi le chemin du Seigneur, et s'il est difficile d'avoir le coeur constamment tourné vers le Seigneur, qu'il le soit au moins lorsque vous Le louerez. Efforcez vous donc de ne pas être semble à la personne qui qualifie de "pure musulman" quelqu'un de notoirement nuisible à ses coreligionnaires. Aussi, efforcez-vous résolument d'accueillir Dieu et repentez-vous de votre état d'esprit antérieur. Si vous dites "Je ne suis pas polythéiste" alors qu'une subtile association d'idées profanes vous traverse l'esprit, rappelez-vous le verset, {Qui espère rencontrer son Seigneur, qu'il effectue l'oeuvre salutaire, et qu'il n'associe personne à Dieu dans l'adoration} (18:110), où il est question de ceux qui adorent Dieu en recherchant l'éloge des hommes. Prémunissez-vous raisonnablement contre ce mouvement de l'esprit. Votre adoration serait-elle empreinte d'une association, aussi légère fût-elle, soyez-en confus.
Dire "Ma vie comme ma mort appartiennent à Dieu" sont les propos d'un serviteur qui a dépassé son moi pour ne plus exister que dans la présence du Seigneur. Prononcer cette parole à bon escient ne peut se faire que si le monde terrestre n'était plus la cause de toutes vos joies et de toutes vos peines, et qu'il ne se trouve plus à l'origine de votre désir de vie, de votre crainte de la mort, et de n'importe lequel de vos mouvements.
L'invocation de la protection divine
Lorsque vous prononcerez, "Fasse que Dieu me protège contre Satan, objet de lapidation", il vous faudra savoir que l'Ennemi vous guette. Il veut vous détourner de Dieu, il est jaloux de votre relation naissante avec le Bien-Aimé. Il envie la prosternation que vous allez effectuer, il regrette la prosternation que vous avez jadis refusé, ce pourquoi il avait été maudit. D'autre part, dire "Je me réfugie en Dieu" ne suffit pas, il faut aussi renoncer à ce que Satan aime et y substituer ce que Dieu aime. Une personne menacée par un lion, qui dit "Fasse que je me réfugie dans une citadelle protectrice", sans bouger ne s'en trouvera pas forcément à l'abri si elle ne change pas d'endoit. Une personne succombant aux tentations, prisées par le Malin, méprisées par le Seigneur, qui invoque la protection divine contre le Satan n'échappera pas pour autant au Malin si elle ne joint pas le geste à la parole. Elle doit se placer dasn la citadelle de Dieu, dans le "Il n'y a pas de divinités hormis Dieu" tel qu'indiqué dans la parole divine non-Coranique, ['Il n'y a pas de divinité hormis Dieu' est ma citadelle. Quiconque y pénètre s'y trouve en sûreté. Nul chatiment de ma part il ne craindra]. Autrement dit elle ne doit rien adorer sinon Dieu, contrairement à ceux qui vénèrent leurs propres plaisirs, qui sont à l'extérieur de la citadelle, dans le royaume de Satan.
D'autre part, il faut savoir que l'un des subterfuges du Malin consite à obnubiler votre esprit par la vie future et les oeuvres de bienfaisance pendant votre prière, de façon à vous empêcher de comprendre le sens des paroles de prière, ce qui ne se produit que sous l'effet d'une suggestion néfaste, alors que l'important n'est pas de bouger les lèvres, mais de comprendre les paroles prononcées.
La récitation du Coran
Il existe trois façons d'effectuer la récitation Coranique (qirâ'a). La première est de l'accomplir des lèvres avec l'esprit ailleurs. Les deux autres sont de l'effectuer avec le coeur présent, avec dasn un cas, le coeur qui écoute les paroles prononcées comme quelqu'un qui entend autrui, et dans l'autre, le coeur qui saisit d'abord le sens des paroles avant de les déléguer aus lèvres qui s'en font l'interprète. En effet, les choses diffèrent selon que les lèvres guident le coeur ou qu'elles en sont l'interprète. Chez les rapprochés de Dieu (muqarrabûn), les lèvres sont subordonnées au coeur et à son discours, dont elles sont l'interprète. Nous allons maintenant considérer dans le détail la façon d'eprimer les passages Coraniques récités.
{De par le Nom de Dieu Tout-Miséricordieux Très-Miséricordieux} (1 :1) doit être prononcée comme une demande de bénédiction divine pour la récitation des paroles Coraniques qui vont suivre. Il faut comprendre cette formule comme voulant dire que tout relève de Dieu, et interpréter {Nom} (ism) comme désignant le dénommé. Il en résulte donc nécessairement qu'il faut louer et remercier Dieu, en tant qu'origine de tout bienfait. A cet égaard, il n'est pas de véritable louange rendue à Dieu par un homme s'il remercie une personne pour ses bienfaits sans la considérer comme un instrument du Seigneur. Invoquer et louer Dieu véritablement est en proportion inverse de l'importance accordée à un autre que Dieu. Le passage {Tout-Miséricordieux Très-Miséricordieux} doit en particulier être prononcé en songeant à toutes Ses libéralités, de façon à être pleinement conscient de Sa miséricorde. L'espérance en Dieu emplira alors l'être du fidèle qui agit ainsi.
Le verset {Roi du Jour de l'allégeance} (1 :4) sera quant à lui récité avec le coeur chargé de crainte et de révérence devant le Seigneur, en raison de la terrible peur que vous épreouverez le Jour du jugement, et de la Grandeur du seul Roi par rapport à laquelle on ne peut être que révérencieux.
En disant {C'est Vous que nous adorons} (1 :5), vous renouvellerez votre serment de fidélité. Par {Vous de qui le secours nous implorons} (1 :5), vous témoignerez une nouvelle fois de votre impuissance et de vos imperfections, vous désavouerez posséder une quelconque force ou puissance propre à vous, et vous reconnaîtrez que vore obéissance à Dieu n'est sollicitée que par Son concours, autrement dit qque Dieu ne vous exaucera que s'Il accepte que vous vous soummettiez à Lui. Vous reconnaîtrez ainsi que c'est Dieu qui décide, que vous n'êtes qu'un instrument à Sa dévotion, et que c'est Lui qui fait de vous un épris de Dieu ou non. Vous vous rendrez compte alors que sans Son assistance vous ne seriez qu'un damné parmi d'autres, dont Satan le maudit.
Après avoir invoqué la protection de Dieu et avoir dit:
{De par le Nom de Dieu Tout-Miséricorde Très-Miséricordieux; loué soit Dieu, Seigneur des univers,Tout-Miséricorde Très-Miséricordieux ; Roi du Jour de l'allégeance ; C'est Vous que nous adorons, Vous de qui le secours nous implorons} (1 :1-5),
viendra le moment de préciser votre demande, en vous bornant seulement à la plus importante.
Vous implorerez Dieu: {Guidez-nous vers la voie de la rectitude} (1 :6), en demandant la voie qui mène au voisinage du Seigneur et à la sublimation de l'âme.
Vous préciserez ensuite la voie que vous sollicitez, en indiquant celle donnée aux prophètes, aux justes, aux martyrs et aux hommes pieux; et non celle de ceux que Dieu a réprouvés, qui est celle des mécréants et déviants que sont les Juifs, les Chrétiens et les Sabéens. Pour cela, vous aurez à prononcer le dernier verset de la Fâtiha, {La voie de ceux que Vous avez gratifiés, non pas celle des réprouvés, et pas non plus celle des égarés} (1 :7). La récitation de la Fâtiha terminée, demandez à être exaucés en disant "âmîn".
Si vous psalmodiez méticuleusement la Fâtiha, vous pourrez bénéficier alors de la récompense soulignée dans la parole divine non Coranique, [J'ai partagé la porière en deux : une part pour Moi et une part pour mon serviteur, qui obtiendra ce qu'il demande. Quand il affirme : "Loué soit Dieu, Seigneur des univers" Je M'en réjouis : "Mon serviteur M'a loué et M'a exalté"] C'est d'ailleurs le sens de la parole prononcée en se redressant de l'inclinaison, "Que Dieu entende celui qui Le loue."
Combien même ne résulterait-il que la remémoration de la Majesté et de la Grnadeur de Dieu, vous en serez déjà comblés. Qu'en serait-il alors si de surcroît les récompenses et mérites que vous espérez de Dieu venaient à vous être octroyés?
D'autre part, ainsi que nous le montreront dans le kitâb-tilâwatu-al-Qur'ân (*Le livre de la psalmodie du Coran), il appartient à l'orant de comprendre les passages du Coran récités lors de la prière. Aucune injonction et aucun interdit, aucune promesse et aucun châtiment émant du Seigneur ne lui échappera plus alors. De surcroît, il saura ainsi tout sur Ses exhortations, Ses prophètes, Ses faveurs et Ses bienfaits, et sur le rapport existant entre ces différents éléments. De la connaissance des promesses, des chatiments, des injonctions, des interdits, des exhortations, des faveurs, et de l'exemple des prophètes naîtra alors en l'orant l'espérance, la crainte, la détermination, l'écoute, ainsi qu'une tendance à rendre râce à Dieu et à saisir la portée des enseignements ainsi reçus. A cet égard, on rapporte que Zarâra ibn 'Awf tomba raide mort après avoir récité {Quand de la trompe il sera sonné} (74 :8), que Ibrahîm al-Nakh'î tremblait de tout ses mebres quand il entendait {Quand le ciel sera fissuré} (84 :1), et que, d'après Abdallah ibn Waqid, Ibn 'Umâr priant avec la mine défaite. C'est que le coeur se consume à l'évocation de la promesse et du châtiment divins. L'homme, qui n'est qu'un pécheur, ne doit aisni se présenter que comme un moins que rien face au Tarrible Puissant.
D'autre part, chacun comprend les paroles du Coran en fonction de son entendement, de ses connaissances et du degré de pureté de son coeur, selon une échelle de compréhension infinie. A cet égard, la prière, où le sens secret des paroles se laisse être découvert, est la clé des réalités occultes. Voilà ce que nous avions à dire s'agissant de la psalmodie du Coran et de la récitation des formules de rappel et de louange.
Nous ajouterons cependant que la prononciation des paroles du Coran doit s'effectuer aussi avec révérence, être psalmodiées lentement afin de mieux les méditer, en veillant à changer de ton selon les thèmes abordés: la miséricorde et la sanction, la promesse et le châtiment, ainsi que la louange, la glorification et l'exaltation du Très-Haut. Ainsi, Al-Nakh'î ne récitait jamis le verset {Dieu ne s'est pas donné de progénitude, il n'y a pas avec Lui d'autre dieu} (23 :91) ou des versets du même genre sans abaisser sa voix, de peur de ne pas mentionner le Seigneur comme il se doit. Dans le même ordre d'idées on rapporte que l'on dira dans l'autre monde à l'orant qui récitait du Coran, récitez sans faiblesse et psalmodiez du Coran de la mêm façon que vous le faisiez dans le monde terrestre.
Au sujet de la durée substantielle de la position debout du début de la prière (qiyyâm), elle aide l'orant à faire que son coeur soit présent spécifiqument devant le Seigneur: [Dieu le Très-Haut s'avance vers l'orant tant que ce dernier ne se détourne pas.] Par conséquent, l'orant doit se garder de tourner la tête à droite ou à gauche, et s'astreindre à demeurer éveillé afin que la profondeur de son âme se concentre continûment sur la prière, car si l'âme devait regarder ailleurs, lorsqu'elle se présentera à Dieu, il lui sera rappelé les conséquences de cette néfaste négligence sur les échanges sublimes entre la créature et le Bien-aimé. De la sorte l'orant épris du Seigneur reviendra vers Dieu. Obligez donc votre coeur à se recueillir. Cessez de vous détourner intérieurement et extérieurement. Recueillez-vous. Si le fond se recueille, la forme en fait de même. A ce propos, une parole du Prophète devant un orant qui jouait avec sa barbe: [Si son coeur sétait recueilli, ses membres l'auraient été aussi.] C'est le coeur qui dirige, les membres ne font que suivre, comme des ouiailles derrière un pasteur, d'où l'invocation bien connue "Seigneur! Faites que le pasteur et se ouailles soient meilleurs." A ce sujet, comme exemples nous citerons Abû Bakr as-Saddiq qui se tenait debout comme le pilier central d'une tente, et Ibn al-Zubayr, qui se dressait comme un tronc d'arbre, ainsi que d'autre pieux fidèles, si immobiles quand ils s'inclinaient que des oiseaux auraient pu se poser sur eux.
Pourquoi l'humilité, qui va de soi lorsqu'il s'agit de rendre hommage à un grand de ce monde, n'est pas aussi pareillement éprouvée au moment d'exalter le Roi des rois ! Pourquoi se recueillir jusqu'à demeurer immobile devant un autre que le Seigneur et ne pas éprouver un tel sentiment de sollenité devant Lui ? Pourquoi une telle méconnaissance de la Gloire de l'Omniscient ! {Qui te voit quand (la nuit) tu te dresses et que tu t'actives parmi les prosternants} (26 :218), est une parole divine qui s'appliquerait, selon 'Ikrima, à la façon de l'orant de se tenir debout, de s'incliner, de se pprsoterner, et de s'asseoir.
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